Quand la médecine ne suffit plus : écouter autrement la douleur
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| Quand le corps crie ce que les mots taisent : une image symbolique du mal de dos, entre douleur physique et surcharge émotionnelle non exprimée. |
J’avais déjà vu cette douleur.
Chez mon grand-père, ma mère, un ami proche.
Une douleur sourde, brutale, qui surgit dans le dos et vous cloue sur place.
Et moi aussi, j’en avais fait l’expérience - plusieurs fois dans ma vie.
Des douleurs aiguës, sévères, qui surprennent par leur violence, mais qu’on finit par oublier dès qu’elles passent.
Je ne m’étais jamais arrêtée pour comprendre.
Personne autour de moi ne s’était arrêté non plus.
Même pas ceux qui, comme moi, étaient médecins.
Mais un jour, cette douleur m’a littéralement mise à terre.
Et cette fois-là, elle ne m’a pas laissé le choix.
Elle m’a obligée à regarder autrement.
À sortir des explications biomécaniques classiques.
À écouter ce que je n’avais jamais écouté - ni chez les autres, ni chez moi.
Et c’est là que quelque chose s’est ouvert.
Une autre manière de comprendre le corps.
Et avec elle, le début de ce que j’appelle aujourd’hui la médecine attentive.
Je me réveille un matin. Et tout de suite, une douleur me terrasse.
Fulgurante. Paralysante. Au bas du dos.
J’essaie de me lever - impossible.
Je dois me recoucher, à plat ventre. Immobile.
Chaque micro-mouvement déclenche une vague de douleur insoutenable.
C’est un week-end.
Mes enfants me trouvent là, incapable de bouger.
Je ne peux ni boire ni manger sans leur aide.
Pour aller aux toilettes, je rampe à quatre pattes.
Je suis terrifiée.
Je ressens une peur intense : peur de la violence de la douleur, mais aussi peur de ce qui pourrait la provoquer.
Je me demande si je ne me suis pas cassée quelque chose, si je n’ai pas un problème grave.
Pourtant, en réfléchissant à mon historique médical, rien n’explique cette violence.
Qu’est-ce qui peut provoquer une telle douleur ?
Je suis en bonne santé.
Je n’ai subi aucun traumatisme.
Je suis sportive. Je vis au soleil. Mes os sont solides.
Même une sciatique ne provoque pas une immobilisation aussi complète.
Et pourtant, je suis clouée au sol.
Alors une pensée me traverse :
Si même ma formation médicale ne peut pas expliquer ce que je vis… il faut chercher ailleurs.
Je tente les anti-inflammatoires. L’ibuprofène. Le paracétamol.
Rien ne change.
Et c’est important pour moi de le dire :
J’ai toujours eu une réticence profonde à introduire des substances chimiques dans mon corps.
Modifier artificiellement la manière dont il s’exprime m’a toujours semblé problématique.
Comme une manière de lui imposer le silence, sans écouter ce qu’il disait.
Mais cette fois, la douleur était telle que j’ai cédé.
Et même là, aucun effet.
C’est cette impasse qui a éveillé ma curiosité.
Pas juste un désir de soulagement :
une véritable soif de compréhension.
Je voulais savoir ce que signifiait ce drame physique.
Je cherche sur Internet.
Les explications médicales classiques ne m’intéressent plus.
Et je tombe sur des témoignages troublants, très proches de ce que je vis.
Tous parlent d’un homme : le Dr John Sarno.
Je n’en avais jamais entendu parler pendant mes études.
Mais son approche me bouleverse.
Il parle de douleurs dorsales causées non par des lésions, mais par des émotions non exprimées.
Il avance une hypothèse physiologique simple et brillante : certaines émotions inconscientes, trop intenses pour être pleinement ressenties, entraînent une répression émotionnelle qui déclenche une réaction de stress dans le corps. Cette réaction provoque la libération d’adrénaline et de cortisol, hormones du stress, qui réduisent l’afflux sanguin vers certains muscles du dos, et provoquent leur contraction en spasmes. Ce manque d’oxygène musculaire génère alors des douleurs réelles et physiques, mais dont l’origine est profondément liée à ces émotions non exprimées.
Et il insiste sur un point fondamental :
le décalage entre ce que l’imagerie médicale montre, et ce que les patients vivent.
On peut souffrir terriblement avec des examens “normaux”.
Et avoir une hernie bien visible… sans aucune douleur.
🟡 Ce que l’image ne montre pas, le corps le vit.
Et là, un souvenir me revient.
La veille au soir, j’avais organisé un dîner avec deux personnes avec qui j’entretenais une relation tendue, marquée par les non-dits.
Depuis des années, j’avais tenté d’expliquer, d’être entendue. En vain.
Et malgré tout, j’avais décidé de les inviter. De tout organiser.
Comme si de rien n’était.
Mais dans cette prise de conscience - le fait que j’avais moi-même mis en scène ce mensonge relationnel - quelque chose se libère.
Je vois. Je comprends.
Et à ce moment précis, sans médicament, sans manipulation :
je me lève.
Et je vais courir.
Faire un footing.
Je n’ai plus mal.
Plus rien.
Je n’ai jamais oublié cette journée.
Elle m’a appris que le corps ne triche pas.
Qu’il parle quand on ne parle pas.
Qu’il hurle ce qu’on tait.
Elle m’a appris que la médecine qui soigne ne peut pas se limiter à ce qu’elle peut mesurer.
Et que le symptôme peut être un message à écouter, plutôt qu’un problème à faire taire.
Le mal de dos - ou le lumbago - m’a conduite là où la médecine ne m’avait jamais emmenée :
vers une question simple, mais radicale :
Qu’est-ce qui s’exprime ici ?

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